10 000 emplois menacés dans le transport routier Imprimer
Écrit par Ludo   
Mercredi, 31 Décembre 2008 03:31

Dans une interview accordée à Challenges.fr, Patrick Vermot-Desroches, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers revient sur la situation du secteur dans cette période de crise.

par Patrick Vermot-Desroches, président de la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR).

Dans cette période de crise, quelle est la situation du transport routier ?

- A fin novembre, 2.055 entreprises de transport routier avaient fait faillite, soit 97% de plus qu’en 2007. Comme il s’agit de très petites entreprises, qui emploient moins de 10 salariés, ce mouvement se fait dans une grande discrétion. Mais les PME de 10 à 50 salariés, voire de plus de 50 salariés, commencent elles aussi à souffrir. Les conséquences de cette crise vont être très fortes en termes d’emploi. Pour l’instant, nous estimons à 10.000 les emplois menacés.

Pourtant, la crise n’a commencé que cet automne…

- Nous sommes sortis affaiblis de la période de hausse du gazole -malgré la baisse de ces derniers mois, la moyenne du prix du carburant en 2008 reste supérieure à 2007-, avec des trésoreries à sec. Les entreprises entrent donc dans cette crise déjà très affaiblies. Nous craignons que le tissu de PME de transport, qui aujourd’hui sont disséminées partout dans les régions, finisse par complètement se désintégrer.

Que fait la FNTR pour aider ces entreprises ?


- Nous sommes un indicateur avancé de l’état de santé de l’économi : cela fait longtemps que nous savons que la crise allait arriver, et que nous alertons les pouvoirs publics. Nous avons demandé trois choses au gouvernement:
+ l’alignement de la France en matière de règlementation européenne sur le temps de transport.
+ la mise sous sauvegarde pour six mois de l’autorisation de cabotage, qui devrait sans cela être autorisé à partir du 1er mai 2009: trop peu compétitifs, nous avons déjà perdu le marché international, nous ne voulons pas perdre en plus le marché national!
+ l’allègement des charges sociales.

Où en est la règlementation française sur le temps de transport ?


- La France ne connaît que deux moments: le travail et le repos. L’Europe en a rajouté un: la disponibilité, pour tous les temps d’attente (en particulier aux péages), qui n’est pas décompté du temps de travail. Le désavantage compétitif pour les Français est évident.

Que prévoyez-vous pour 2009 ?

- Les secteurs les plus touchés par la crise sont aussi ceux avec qui nous travaillons le plus… Les difficultés de l’automobile se sont répercutées chez nous. On verra ce que donne le plan avec prime à la casse, mais la visibilité est très faible. Dans le bâtiment, les plans de charge se réduisent, et les grands travaux ne seront pas forcément suffisants pour compenser les baisses de chiffres d’affaires. Pour le premier trimestre de l’année, nous ne pouvons que prévoir un retrait de notre activité, avec des situations de trésorerie extrêmement difficile à partir de février/mars et de nouvelles défaillances.

Propos recueillis par Anna Rousseau, journaliste à Challenges
(mardi 30 décembre 2008)